De la résistance des sujets aux sujets de la résistance
Face au processus complexes en jeu dans tout apprentissage dès la naissance (sensoriels, moteurs, langagiers cognitifs et affectifs), les professionnels de l'Ecole (et encore davantage les parents d'élèves) restent prisonniers de socles théoriques (hérités du positivisme) qui structurent les recherches en Sciences de l'Education. Comme si la mise en garde, dès 1944, de Horkeimer et d'Adorno sur l'objectivation des processus humains, était devenue un point aveugle, empêchant ce qu'en leurs temps des auteurs comme Freud, Fromm, Marcuse, puis plus tard Castoriadis ou honneth ont essayé de dévoiler.
Oui, l'inconscient est en acte à l'école, tant chez l'élève que chez son maître.
Un choc hante les civilisations, non pas entre elles, mais interne à chacune d’elles : entre civilisation de vie et civilisation de mort.
À la confrontation de la vague terroriste djihadiste mondialisée, il convient d’interroger une des fautes fatales de la culture moderne après les Lumières : l’incapacité à prendre acte de la potentialité archaïque humaine à la destructivité mortifère.
À la contingence historique d’un télescopage entre les enjeux internes à la sphère mahométane et l’affaissement moral de nos régions supposées démocratiques, ce qui vient faire signe, sous le nom générique de djihadisme ou de daeshisme, pourrait bien se présenter comme un nouveau moment contemporain de destructivité qui se pré-positionne, prend ses marques mortifères, en prolongement du siècle passé, « siècle des génocides ». Un pas de plus. Il serait erroné d’y guetter des analogies visibles, mais il ne serait pas vain d’en saisir les homologies profondes.
Du moins, il s'agit de ne pas dormir...
Dans la presse
6. Tribune juive datée du 14 septembre 2016
7. Emission sur i24News daté du 12 septembre 2016
Automne 2014, un manifestant est tué par une grenade lancée par un gendarme à Sivens. L’armement de la police fait, pour la première fois, la une de l’actualité. Loin de susciter de réactions à la hauteur, ce drame est l’occasion pour le pouvoir de renforcer ses stratégies de maintien de l’ordre en faisant interdire et réprimer implacablement les mobilisations qui suivent. La mort de Rémi Fraisse n’est ni une « bavure », ni un accident. Elle est le produit d’une logique structurelle, qui s’inscrit dans un processus d’impunité généralisée et de militarisation de la police en germe depuis deux décennies.
Sur fond d’hégémonie culturelle des idées sécuritaires, la police française se dote de nouvelles armes sous l’impulsion des gouvernements successifs : taser, grenades, flashballs, LBD. On tire à nouveau sur la foule. D’abord expérimentées dans les quartiers périphériques, puis contre les mobilisations incontrôlables, les armes de la police s’imposent aujourd’hui potentiellement contre tous. « En blesser un pour en terroriser mille », telle est la doctrine des armes de la police.
Cet essai passe en revue l’armement de la police pour comprendre ce que les armes disent de notre temps, quelles sont les logiques politiques qu’elles suggèrent, au-delà des spécificités françaises d’un maintien de l’ordre présenté comme irréprochable.
Dans la presse
Pierre Douillard-Lefevre dans l'émission Du grain à Moudre sur France culture le 3 août 2016
Pierre Douillard-Lefevre sur Radio Croco le 11 juin 2016
Paysans ? Agriculteurs ? Chefs d’entreprise ? C’est en arpentant les campagnes européennes à la rencontre de ces nouveaux paysans qui construisent un autre rapport au temps, à l’espace et aux autres que l’agronome et sociologue Estelle Deléage s’interroge, depuis plus de dix ans, sur le devenir de l’agriculture.
Considérés de manière dominante comme une classe objet, selon l’expression de Pierre Bourdieu, les paysans ont en effet constitué et constituent encore aujourd’hui, un peu partout sur la planète, un réservoir de main d’œuvre pour l’industrie en pleine expansion. C’est donc bien la poursuite du projet d’artificialisation de la nature qui se joue ici avec comme élément central à la réalisation de ce projet, la dépaysannisation de la planète (relégation, pauvreté, suicides des paysans, etc.).
Estelle DELÉAGE est agronome et maître de conférences en sociologie à l’université de Caen. Elle est corédactrice en chef de la revue Écologie & Politique. Elle a notamment publié Paysans. De la parcelle à la planète, Syllepse, 2004 et Agricultures à l’épreuve de la modernisation, Quae, 2013.
Banalité du mal, superfluité et masse
Le monde capitaliste est aujourd’hui engagé dans ce qui risque d’être sa plus grande crise car celle-ci touche désormais au fondement de la vie humaine, de la vie en société et, de manière plus superficielle, au fondement même du capitalisme. Ce dernier a construit un rapport au temps et à l’accélération, au spectacle, aux individus et à la masse, à l’essentiel et au superflu, tel que s’accroissent les difficultés pour un nombre toujours plus grand d’individus.
« Un moindre niveau de démocratie est parfois préférable pour organiser une Coupe du monde. […] Quand on a un homme fort à la tête d’un État qui peut décider, comme pourra peut-être le faire
Poutine en 2018, c’est plus facile pour nous les organisateurs ». C’est avec un tel postulat que Jérôme Valcke, Secrétaire général de la FIFA (Fédération Internationale de Football Association)
et Sepp Blatter, Président, ainsi que les dirigeants du CIO (Comité International Olympique) entendent développer les institutions sportives et mettre sous leur coupe l’ensemble des populations,
s’approprier les espaces publics et les richesses naturelles avec l’aide des dirigeants politiques les plus détestables et la complicité des plus grandes entreprises transnationales.
Dans cet ouvrage, les auteurs entendent analyser et faire connaître la politique anti-démocratique des institutions sportives au travers des manifestations les plus récentes ou futures (Chine,
Afrique du Sud, Russie, Brésil, Qatar) ainsi que les ententes naturelles avec les régimes les plus autoritaires, corrompus et inégalitaires de la planète. Loin de plaider pour la réhabilitation
du sport, c’est bien plutôt pour la reconnaissance de son caractère destructeur, l’arrêt de son financement public et son boycott permanent que s’engagent les auteurs.
Quelle place accordons-nous à la fin de vie dans une société où sont arborées la performance et l’accélération ? L’auteur, sociologue, évoque le sens accordé à la vie, à la mort et au temps dans cette société : négation de la vie et exclusion de la sensibilité, mort cachée, mort spectacle, temps réduit à une accélération sociale. La santé occidentale est également interrogée. De la santé expropriée, à la santé parfaite, voire totalitaire, l’idéal d’un être humain performant a été fabriqué. Comment la médecine est-elle alors confrontée à la réalité de la maladie grave et de l’inguérissable ? Car, le temps de la fin de vie – très souvent confondu avec l’acte d’euthanasie – n’est pas une performance. Comment la personne malade peut-elle vivre sa fin de vie ? Comment se manifeste une demande de mort ? Le corps soignant peut-il répondre à l’attente de soins en fonction de la déshumanisation des institutions ?
L’idée nous est insupportable ! La Barbarie semble à notre porte ou déjà là. Par les massacres des trois journées noires de janvier 2015, la question doit encore être posée. Comment cela est-il possible ? Qu’avons-nous échoué, raté, manqué, depuis des années pour que le « destin » nous mène vers un tel drame ?
« La barbarie persiste tant que durent les conditions qui favorisèrent la rechute » que fut Auschwitz dans cette barbarie. Malgré le devoir de mémoire, les conditions d’une éducation à l’humanisme ne sont pas créées. S’affrontent, désormais, dans une malédiction que nous n’avons pas réussi à rompre, la société capitaliste inhumaine, dans ses parties dominantes, qui sélectionne et élimine les hommes comme quantité superflue, et des poches d’oppositions régressives religieuses faisant croire, comme les nazis en leur temps, à l’existence d’un âge d’or sacré constitué de totems et tabous.
La catastrophe ne pourra être évitée que dans un effort de compréhension des tensions qui existent au cœur même du système capitaliste… et par la disparition de ce dernier.
L’ouvrage, Simone de Beauvoir aujourd’hui, constitue le premier ouvrage traduit et publié en français de l’allemande Roswitha Scholz, figure de proue de la critique de la valeur. Au sein de ce mouvement critique, Scholz a développé à travers de nombreux ouvrages, le concept de dissociation/valeur permettant de penser la domination particulière des femmes au sein du capitalisme comme une domination liée à la forme marchandise. À cet égard, Roswitha Scholz occupe une place singulière dans le paysage féministe puisqu’elle rejette tour à tour les postures du féminisme différentialiste incarnées notamment par Luce Irigaray, du féminisme matérialiste de Christine Delphy et encore des gender ou queer studies incarnées par Judith Butler. Roswitha Scholz réussit, au sein de ce court essai, le tour de force de passer en revue ces diverses postures à travers une critique exigeante des positions classiques de Simone de Beauvoir.
L’auteur explore ainsi les arguments existentialistes du Deuxième sexe de Simone De Beauvoir pour les confronter au cadre contemporain de la socialisation capitaliste. Sans renier les apports de ce travail fondateur, Roswitha Scholz s’attache ici à démontrer les limites de ceux-ci notamment à travers la critique de la figure de l’Autre Beauvoirienne qui reste trop souvent perçue indépendamment de sa constitution spécifique dans le régime historique du capitalisme. Scholz s’efforce ainsi de radicaliser les thèses Beauvoiriennes et de les inscrire dans le contexte d’un patriarcat producteur de marchandises évacué partiellement par De Beauvoir et par les relectures critiques de Judith Butler fondant la totalité sociale sur une totalité de langage et de discours.