Loin de la fin de l’histoire annoncée par certains, la modernité assaille désormais de toute part l’humanité de l’homme. Le règne de la compétition généralisée soumet l’expérience vécue des individus et des groupes humains de la planète à des bouleversements perpétuels.
L’idéologie capitaliste façonne les consciences et prédispose les masses – salariés et consommateurs – à subvenir aux besoins de la machine productiviste. Le capital
est plus puissamment armé que jamais pour exercer une domination diffuse, mais totale (économique, culturelle, politique, sociale, psychologique…), sur les institutions, la nature et
l’homme.
Une telle domination ne peut tenir qu’à condition de passer pour naturelle. Partant d’une critique des travaux de Louis Althusser, l’auteur décrit l’émergence et le
rôle de ces « appareils stratégiques capitalistes » mondialisés que sont le sport, l’éducation, les médias, l’industrie culturelle ou encore l’armée, dans la subordination des populations. Ce
faisant, il met en lumière les catégories centrales du « projet » qui requiert désormais notre adhésion : l’élimination de la complexité et de l’altérité par l’accélération de la marchandisation
et du divertissement, la production d’une masse atomisée d’individus privés de toute puissance d’agir, l’organisation des rapports de production autour de la notion de superfluité. Derrière ce
projet capitaliste resurgit ainsi, sous un nouveau jour, l’un des traits majeurs des expériences totalitaires du XXe siècle, selon Hannah Arendt : la superfluité de l’homme lui-même comme
principe ordonnateur du monde.
Pour Sade (1740-1814), l'homme a le droit de posséder autrui pour en jouir et satisfaire ses désirs ; les humains sont réduits à des objets, à des organes sexuels et, comme tout objet, ils sont interchangeables, par conséquent, anonymes, sans individualité propre. Ils sont instrumentalisés pour que le dominant puisse assouvir ses fantasmes d'asservissement. Sade annonce l'avènement de la société productiviste. Son monde reflète le mécanisme de production, avec son organisation, ses représentations, ses symboles, ses différentes formes de rationalisation, une économie politique de la production corporelle, favorable à l'objectivation des femmes et à leur soumission sexuelle, piliers de la modernité capitaliste. Sade est moins un auteur " subversif " qu'un prophète du capitalisme sexué. " C'est la valeur qui fait l'homme ", soutient Roswitha Scholz. Le capitalisme, c'est-à-dire le règne de la loi de la valeur, a donc un sexe. La société bourgeoise se fonde sur une dissociation entre la sphère de la production et celle de la reproduction (sphère publique versus sphère privée), tout au profit des hommes comme sexe dominant et du Capital. Le sadisme social concentre certains des éléments constitutifs de la marchandise : aliénation, réification, dépossession, appropriation et servitude, sur la base d'une violence sexuée qui rend pérenne les rapports de domination et de soumission. S'inscrivant dans le cadre de la Théorie critique de la valeur (Wertkritik), Gérard Briche, Ronan David, Anselm Jappe, Robert Kurz, Nicolas Oblin, Roswitha Scholz et Johannes Vogele collaborent à cet ouvrage.
Nos sociétés qui se veulent les plus protectrices de la planète ont découvert qu'elles étaient essentiellement fragiles : risque industriel, écologique, épidémiologique, terroriste, etc. Pour ne
pas céder à la panique, à l'irrationnel ou aux à-peu-près, et pour rendre possible un débat responsable et lucide entre citoyens, il importe de savoir de quoi on parle, et quels sont les liens
entre les différents ordre de réalités et les différentes formes d'approches. Un dictionnaire est la formule idéale pour balayer l'ensemble du champ concerné par la notion de "risque".
Cette 2e édition s'enrichit d'une vingtaine d'entrées traitant des nanotechnologies, des victimes, de l'origine environnementale des cancers, de la biopolitique, de la décroissance
soutenable, de la crise de l'école, les catastrophes naturelles, etc., toutes questions qui se posent aujourd'hui dans l'urgence, inquiètent les populations et alimentent en permanence une
actualité environnementale toujours plus présente.
La Coupe du monde de football 2010 se déroule dans le pays de Nelson Mandela et de l’apartheid. Le mythe de la réconciliation et de la naissance de la nation « arc-en-ciel » a fait long feu et aujourd’hui l’Afrique du Sud plonge dans la violence, la ségrégation sociale, la prostitution et le sida. Présentée comme une chance pour le pays, la Coupe du monde permet la militarisation de l’espace et l’occidentalisation forcée de l’économie tout en organisant le pillage des fonds publics au profit des grandes sociétés capitalistes. Dans ce développement de la « globalisation » économique qui vise à l’institutionnalisation d’un néocolonialisme, la Coupe du monde en Afrique du Sud est plus que jamais l’opium du peuple des townships, l’outil essentiel de son exploitation. Une nouvelle fois, le football, qui participe du processus de production capitaliste, se révèle être l’appareil de domination, de contrôle et d’aliénation des peuples. C’est l’éternelle histoire du foot à fric.
On assimile couramment le sport à l'art, en tant que constituant de la culture. Dans ce solide travail, Nicolas Oblin démontre, en s'appuyant sur le paradigme nazi , en quoi le sport institutionnalisé - devenu producteur de mythes et d'une culture de masse -, est profondément antitranscendantal, anticulturel, antidémocratique. Dénonçant le schisme qui existe entre une telle conception du sport et l'art véritable, cet ouvrage est une importante contribution à une meilleure compréhension de l'idéologie totalitaire hitlérienne.
Kenza Aghouchy (dir.), Gilles Campagnolo, Philippe Chanial, Bernard Doray, Georges Gloukoviezoff, Jean-Marie Harribey, Smaïn Laacher, Jean Louis Laville, Christian Marouby, Jérôme Maucourant, Christophe Ramaux, Bruno Tinel, Vincenzo Traverso, Patrick Vassort
Peut-on critiquer le capitalisme? La question se pose effectivement.
En premier lieu parce que ce mode bien particulier de production et de répartition des richesses, le capitalisme, étend aujourd’hui son empire à l’ensemble du monde et à la majeure partie des
activités humaines, prenant une place telle dans nos vies qu’il nous est devenu difficile d’imaginer, plus encore de concevoir rationnellement, d’autres types de rapports économiques entre
les humains.
Mais elle se pose, en second lieu, en raison du refus de plus en plus décomplexé, parfois brutal, de ceux qui ont la main sur les principales institutions d’élaboration ou de diffusion de
l’information et des idées que l’hypothèse même d’une autre forme d’organisation sociale puisse encore être librement envisagée, discutée, étudiée, soutenue…
Le lecteur prendra connaissance dans la présentation de ce volume de l’histoire mouvementée des textes qui le composent. Elle témoigne de la désinvolture avec laquelle ceux qui en ont les
moyens choisissent discrétionnairement ce qu’il est utile ou non de rendre public.
Quant aux contributions elles-mêmes, elles démontrent – et c’est vraisemblablement là ce qui a un temps interdit leur publication – que la recherche et la pensée autour de perspectives non
capitalistes de développement des sociétés demeurent aussi vivantes que jamais.